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Le Musée de la communication célèbre les 99 ans de radio en Suisse

99 ans et toujours aussi gazouillante: la radio reste le média préféré des adultes suisses. Une réalité qui ne va pas de soi pour un média d’un autre temps. Le Musée de la communication et les Archives des PTT profitent de l’approche du centième anniversaire de la radio pour braquer les projecteurs sur ses débuts en Suisse et sur les défis et les accents posés par les radios pirates.

Tout le monde parle de réseaux sociaux, de réalité virtuelle et du dernier podcast, et pourtant, les adultes suisses, hommes et femmes confondus, consacrent toujours autant de temps à cette bonne vieille radio. Selon les dernières données semestrielles de Mediapulse, institution de référence, 74 % des personnes âgées de plus de 15 ans de Suisse romande ont écouté 99 minutes de programmes radio au cours des six premiers mois de 2021. Quotidiennement. De quoi être fier pour un média qui fêtera l’an prochain son centième anniversaire. Selon toute évidence, la radio reste donc dans l’air du temps. Un constat qui n’a rien d’évident, car la radio n’est pas toujours parvenue facilement aux oreilles des auditeurs.

Les origines de la radio
Au Musée de la communication, l’historien Juri Jaquemet s’est replongé dans les origines de la radio en Suisse. Le conservateur s’y connaît en histoire des médias. Mais fixer la date exacte du début d’une évolution n’est pas toujours facile a posteriori. «Il est toutefois fort probable que la première émission de radio a été diffusée sur les ondes le 26 octobre 1922 à Lausanne», raconte Juri Jaquemet.

En effet, Roland Pièce, technicien et radiotélégraphiste, acquiert en 1922 une station de radiocommunication aéronautique pour l’aérodrome de Lausanne et organise en secret, le 26 octobre, la première émission diffusée à l’Hôtel Beau Rivage de Lausanne-Ouchy. Il y fait venir un ensemble qui chante en direct dans le studio. À l’autre extrémité, un public de VIP, composé d’un conseiller fédéral, de hauts fonctionnaires et d’autres représentants politiques, dresse l’oreille.

Le plaisir auditif semble avoir été limité. Écouter la radio est dans les premières années une chose compliquée. Les postes à galène de l’époque fonctionnent à l’aide d’un morceau de cristal de pyrite fixé sur le haut de l’appareil. Il faut s’armer de patience pour positionner un ressort pointu sur un point approprié du cristal. L’écoute se fait au moyen d’écouteurs qui ficèlent les auditeurs à leur siège. En plus du récepteur, une antenne externe est indispensable. Là aussi, les solutions sont souvent improvisées. Les fils sont installés et tendus dans le grenier ou entre la maison et un arbre proche.

Des interférences sur les ondes
Crachotements, friture et autres interférences sont récurrents. Aujourd’hui, on taxerait tout ça d’indigeste. Mais même s’il est encore difficile d’écouter la radio dans les années 1920, le nouveau média suscite l’enthousiasme. L’État fédéral a tôt fait de s’assurer son contrôle et fonde en 1931 la Société suisse de radiodiffusion SSR. Fini le temps des pionniers, il est maintenant facile d’écouter la radio. Les auditeurs peuvent se procurer directement un récepteur dans les magasins spécialisés.

«Les émetteurs deviennent eux aussi plus maniables», complète Sascha Deboni, qui il s’est penché sur les radios pirates aux Archives des PTT. Les premières radio pirates émergent, qui mettent le monopole étatique au défi. Une attitude conservative et un éventail musical très réduit (l’ancien Ministre de la communication Moritz Leuenberger se rappelle surtout de marches et de jodels) n’y sont pas pour rien. Avec leurs émetteurs, les pirates émettent directement dans leur salon et abreuvent les jeunes enthousiastes de musique rock et pop. Les premiers émetteurs pirates apparaissent en Suisse dans les années 1950 et sont rapidement connus.

Les PTT prennent très au sérieux leur mandat de dénicher ces émetteurs. À l’aide de véhicules de repérage, les fonctionnaires cherchent les fréquences parasite et confisquent régulièrement de nombreux appareils. Mais plus les émetteurs se font petits, plus il est difficile de les dénicher. Les PTT mobilisent toutes leurs forces: elles affrètent même des hélicoptères de la police, dans les années 1970, pour détecter les pirates antinucléaires et les féministes de la radio «Wellenhexen»

Les radios pirates se multiplient. D’un côté, il y a toujours plus de petits émetteurs à vocation activiste, qui poursuivent des buts politiques et produisent des émissions d’information alternatives contre le monopole de la radio bourgeoise. Comme, à Zurich, les «Wellenhexen» qui sont les premières en 1975 à émettre régulièrement leur programme. Une radio exclusivement féminine que les fonctionnaires ne parviendront jamais à dénicher. De l’autre côté, les radios à vocation commerciale suscitent l’intérêt. À partir de 1979, «Radio 24» profite de la législation libérale de l’Italie pour émettre depuis le Pizzo Groppera vers Zurich. Même si sa fréquence est parfois capturée par de petits émetteurs d’activistes, Roger Schawinski parvient avec sa Radio 24 à mobiliser les masses. Sous pression politique croissante, la législation sur la radio finit par se libéraliser et les premières radios privées obtiennent des concessions légales dès 1983. Le paysage médiatique suisse se fait plus varié et la SSR répond en proposant aux jeunes sa station DRS 3 (aujourd’hui SRF 3).

Blog du Musée (en allemand)

Victoria Marchand

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